VOILE LATINE DE SETE ET DU BASSIN DE THAU

Chantier naval de la Plagette – Patrimoine Maritime Méditerranéen

Hébé à Paris

Allez ! la barquette marseillaise « Hébé », propriété de l’association Voile Latine de Sète et du bassin de Thau, part en voyage !
En effet, la cinéaste Agnès Varda désire faire de ce bateau sétois (chantier Candela, 1957) un personnage important de son prochain film.
Aussi, du lundi 13 aout au vendredi 17 2007, Hébé sera basé au port de l’Arsenal (Bastille) à Paris.
Le tournage aura lieu les 15 et 16 aout de la tour Eiffel à Notre-Dame.
Les couleurs sétoises et languedociennes flotteront dans la capitale durant toute cette semaine.
Notre barquette retrouvera sa place sur le canal en fin de mois.

Voici ce que j’écrivais le jeudi 9, la barquette sur son camion gagnait la capitale. Départ de Bouzigues et arrivée au port de l’Arsenal à la Bastille :

Hébé au port de l’Arsenal à la Bastille


Dès le lundi elle a retrouvé l’eau et remis en place tous ses agrès ; même au port elle a suscité de nombreuses questions, beaucoup d’enthousiasme.
La météo étant exécrable pour le 15, le tournage a été décalé au 16 et 17 aout, le 16 la fin de la dépression était encore là, rafales de vent, et pluie ont été notre lot. Nous sommes passés sous Notre-Dame vers 9 heures du matin, voile déployée, vent arrière. Si beau, si exceptionnel que des badauds ont applaudi notre passage depuis le pont Saint-Michel.

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Puis la journée ne s’est plus arrêtée : vers le pont des Arts puis le pont Bir-Hakeim où nous avons répété le même cheminement 7 ou 8 fois : Agnès, seule à la barre, remonte le fleuve, un pont apparaît, le métro traverse le pont , la caméra le suit et découvre la Tour Eiffel. Nous sommes bien à Paris. Mais que de répétitions pour que le métro passe au bon moment, que la voile soit joliement gonflée.

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Ensuite vers le pont de l’Alma, gros cumulus, du vent qui force, le pont qui bondit vers nous, bientôt 19 heures, nous décidons d’arrêter, inutile de prendre des risques inconsidérés. Retour au port de l’Arsenal, démâtage, écluse, rangement, il est presque 21 heures, à demain !
La météo est franchement meilleure, ni pluie, ni bourrasques. Certains plans de la veille sont à améliorer, nous repassons Notre-Dame et le pont des Arts. Dès dix heures du matin la Seine est un véritable boulevard, des bateaux-mouches, des péniches, des bateaux-bus, quelques rares plaisanciers, les zodiacs de la sécurité civile ou de la fluviale. Une attention constante est obligatoire, le fleuve n’est pas si large et la réglementation très stricte. En deux jours nous avons enfreins une bonne dizaine d’obligations ou interdictions, mais toutes les autorisations avaient été demandées et accordées, un bateau de la sécurité civile nous accompagnait en permanence et même la fluviale est venue à notre rencontre et nous a escorté une fois. Tout ce monde était prévenu de notre présence et chacun a été à la fois courtois et curieux du petit bateau jaune et rouge ; si petit et parfois si impressionné que nous aussi avons fait attention a toujours montrer franchement nos manoeuvres et ne pas entraver les leurs.

L’après-midi, après un pique-nique sur le quai (avec toute l’équipe : environ quinze personnes), nous tournons de véritables scènes : personnages, répétitions, placement de la caméra et des gens. A 19 heures 35 descente rapide vers l’aval, rapide car il y a un feu qui risque de passer au rouge sur notre route (pont Sully) ; ouf ça passe juste ; nous allons nous poster après le pont des Arts. Pendant ce temps l’équipe installe et assure la caméra sur le pont. Le bateau passera sous voile entre les arches, la caméra le verra donc apparaître puis en le suivant verra se profiler l’île de la Cité. Le soir tombe, la lumière est magnifique, moins de bateaux-mouches, tout se calme durant une demi-heure. Mais la caméra est tout juste installée. Enfin nous partons, on monte la voile, attention, avec l’antenne haute on ne passe pas le pont, léger réglage pour ne pas rayer la voute, nous passons, derrière je m’aperçois que le trafic redevient intense, trop de bateaux se ruent vers nous dans la nuit presque tombée.Cette prise doit être la bonne, nous ferlons la voile, une lampe tempête est hissée, nous rentrons au ralenti vers la Bastille.

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Au-delà de l’île de la Cité une dizaine de bateaux-mouches nous doublent, vertiges de lumières ; sur les quais ce sont les jardins Tino Rossi, des orchestres jouent sous les lampions, des couples dansent ; instants magiques, bientôt 22 heures 30, l’écluse du port s’ouvre exprès pour nous, demain nous retrouverons nos eaux méditerranéennes.
Hébé entre au canal – Agnès Varda à la barre

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